RUBBERBAND : 20 ans à effacer les frontières de la danse
La création de RUBBERBAND, en 2002, a marqué le monde de la danse. Portée par la vision de Victor Quijada, cette compagnie a fait sauter les frontières entre la danse de rue, la danse contemporaine et le ballet classique. Elle revisite ses 20 ans d’activité avec le spectacle Reckless Underdog et sa quinzaine de danseurs et danseuses sur les planches. Rencontre avec le chorégraphe et fondateur de la troupe.
Crédit photo: Isabel Rancier
Pouvez-vous nous rappeler les origines de RUBBERBAND?
La création de RUBBERBAND était une façon de réconcilier les différentes facettes de la danse que j’avais explorées auparavant, à Los Angeles, ma ville natale, puis à New York. Pendant mon parcours, j’avais à la fois touché la danse contemporaine, le ballet classique et les danses de rue, qui étaient encore plus underground qu’aujourd’hui. À cette époque, ces univers étaient complètement séparés. Je voulais donc monter une troupe où toutes ces expériences pourraient vivre ensemble, briser ces frontières. Et je ne parle pas seulement de mélanger les styles et les mouvements, mais aussi le langage, la philosophie, les codes derrière chacune de ces approches. C’est ce qui m’a incité à fonder RUBBERBAND quand j’ai déménagé à Montréal. C’était une façon de rassembler les différentes parties de moi et, éventuellement, de créer un nouveau langage issu de ces influences diverses.
Peut-on dire que vous avez créé un nouveau style de danse?
Créer, c’est un grand mot. Je dirais plutôt que j’ai construit un pont entre ces différentes approches, en me questionnant sur les façons d’emprunter les codes de la danse hip-hop, des boîtes de nuit, pour les adapter sur scène. Il y avait un vide à combler, et nous l’avons fait. Nous avons développé un nouveau langage physique. C’était unique ! À travers les années, j’ai aussi mis sur pied la méthode RUBBERBAND, une formation [offerte à travers le monde] qui permet d’outiller les danseurs pour ce type de mouvements.
Vingt ans plus tard, avez-vous l’impression que RUBBERBAND a changé la danse?
Si on regarde la scène montréalaise aujourd’hui, il y a tellement de propositions qui proviennent des danses de rue, des boîtes de nuit, comme le house ou le break. À l’époque, c’était rare. Il y avait un vide et nous l’avons comblé. Je pense que le simple fait d’exister a permis de voir que ce type de propositions était possible. On voit aussi un plus grand soutien institutionnel pour les danses de rue. Je pense que ça a vraiment apporté un questionnement sur l’esthétique à valoriser. Et aujourd’hui, on voit vraiment qu’il y a une diversité d’approches sur la scène.
Parlez-nous du spectacle Reckless Underdog, qui souligne les 20 ans de RUBBERBAND.
Pendant 20 ans, la mission de la compagnie, c’était de créer des ponts entre différentes approches en développant une esthétique et une énergie unique. Pour ce spectacle, je me suis plutôt demandé ce qui se serait passé si je n’avais pas laissé le chemin classique à New York. Qu’est-ce que je ferais aujourd’hui ? Si je n’avais pas quitté la communauté hip-hop de Los Angeles, est-ce que je serais chorégraphe ? Et si j’étais resté avec mon mentor de Los Angeles avec qui j’expérimentais une danse théâtrale, postmoderne, à quoi ressemblerait mon travail ? Bref, le spectacle permet de réfléchir à ce qui aurait pu être possible si je n’avais pas bâti ce pont, en explorant ces trois univers qui me sont propres.
Que diriez-vous à un spectateur ou une spectatrice qui viendrait voir ce spectacle? Il ou elle devrait s’attendre à quoi?
Reckless Underdog est très différent de ce que j’ai fait jusqu’à maintenant. Dans toutes mes autres pièces, j’ai cherché le mélange alors que, cette fois, je sépare les ingrédients qui ont mené à la création de RUBBERBAND. Le spectacle propose donc d’explorer les trois facettes d’un même joyau, en trois tableaux. Chaque acte présente un univers complètement différent. Le premier tableau est plus raffiné, le deuxième, brut et explosif et le troisième, plus intime.
Nous avons aussi travaillé avec des compositeurs montréalais pour ce spectacle. Le pianiste Chilly Gonzales, le DJ expérimental Kid Koala et Vlooper, d’Alaclair Ensemble, étaient les trois premiers choix sur notre liste et ils ont tous accepté. Nous avons utilisé leur matériel pour habiller chaque univers.
Le spectacle Reckless Underdog sera en première montréalaise le 12 avril prochain à la Place des Arts et y sera présenté jusqu’au 15 avril.
Sur la photo d'entête: Jessica Joy Muszynski.

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