En résidence à la Place des Arts : Jorane
Après une dizaine d’années à mettre ses compositions au service de films, de pièces de théâtre et d’autres projets collectifs, Jorane reprend cet hiver la barre de son propre navire avec la création d’un tout nouveau spectacle.

La violoncelliste et les dix musiciens avec qui elle partagera la scène ont profité de trois semaines de résidence artistique — en novembre, en décembre et en janvier — pour développer les pièces de ce « laboratoire musical » dans les salles de répétition de la Place des Arts.
Le vendredi 18 janvier, juste après avoir déposé son instrument et embrassé ses musiciens, les joues rosies par l’intensité de la séance de travail et le regard pétillant d’enthousiasme, Jorane nous a parlé de cette troisième semaine de résidence qui venait de se clore et de son spectacle en préparation.
D’où est venue l’idée de ce spectacle ?
Ces dernières années, j’ai beaucoup composé pour des projets collectifs; ça a été ma façon de canaliser mon immense besoin de créer. Composer, c’est mon feu. Plus je compose, plus j’en ai besoin ! J’ai adoré tous ces grands projets où plein de gens se mettent au service de la vision d’un réalisateur ou d’une metteure en scène. Mais je ressentais le besoin de revenir à ma propre rivière.
En quoi ces expériences de composition pour les films, le théâtre et la danse alimentent-elles cette nouvelle création ?
Ces projets m’ont donné le goût de réunir une grande équipe, alors que les albums que j’ai enregistrés en début de carrière étaient plutôt solitaires. Mon travail pour le cinéma m’a aussi menée à incorporer des effets sonores dans mes compositions ; trois musiciens de l’équipe s’en chargent, en plus de leurs instruments respectifs. J’ai rarement fait un spectacle aussi poussé sur le plan musical !
Par ailleurs, du fait d’avoir travaillé en cinéma, en danse et en théâtre, les univers que j’imagine maintenant ne sont plus uniquement musicaux. Sous sa forme actuelle, le spectacle est essentiellement musical, mais c’est notre « Laboratoire 1 »; c’est une première version. Pour la suite du projet, j’ai en tête des images, des jeux de lumière, du mouvement, des costumes, des décors, de la mise en scène… Ce spectacle est l’équivalent d’une mise en lecture au théâtre, auquel j’aimerais par la suite ajouter des éléments plus visuels.
Que vous permettent ces semaines de résidence à la Place des Arts, par rapport au travail dans votre propre studio ?
Après avoir répété en sous-groupes depuis le printemps dernier, la résidence me donne la possibilité de réunir tous les musiciens dans une sorte d’incubateur. Nous avons le temps et l’espace pour faire des essais, pour explorer… Ici, je me sens libre de créer.
Sans compter que la Place des Arts, pour moi, c’est plein de souvenirs : mon premier spectacle à la salle Claude-Léveillée, la Maison symphonique avec I Musici, les concerts de Noël avec Rufus et Martha Wainwright, le duo avec Bobby McFerrin à la salle Wilfrid-Pelletier… La Place des Arts est au cœur foisonnant de la création à Montréal. Ce bouillonnement m’inspire et me donne de l’énergie !

Et comment s’est passée cette troisième semaine de résidence artistique ?
Ça a été une semaine de répétitions intensives. Hier, nous avons fait un premier enchaînement complet du spectacle. Même s’il y a encore beaucoup d’ajustements à apporter, c’est vraiment satisfaisant de savoir que cette série de pièces fonctionne du début à la fin.
Dans les quelques minutes de répétition auxquelles j’ai assisté, le niveau d’énergie était plutôt élevé. Est-ce à l’image de tout le spectacle ?
Pas mal, oui ! C’est sûr qu’il y a des variations d’intensité. D’ailleurs, c’est un aspect auquel je vais être attentive en réécoutant les enregistrements que nous avons faits cette semaine.
Pour donner un repère dans ma discographie, ce spectacle se rapproche de mon album 16 mm, qui est très ouvert et concentré, et qui fait beaucoup de place à la voix, porteuse d’émotions à l’infini. D’ailleurs, dans ce spectacle-ci, il y a deux choristes. Plus le quatuor à cordes, une contrebasse, de la guitare, des percussions, du clavier, même de l’électroacoustique, grâce au compositeur Robert Normandeau, qui a accepté de se joindre au projet.
J’ai hâte d’écouter nos enregistrements pour voir ce que je peux ajouter, où il faut faire un peu de ménage…
J’ai hâte aussi au moment où nous nous installerons dans la Cinquième Salle, trois jours avant la première, pour entendre enfin ce que ça donne.
Nous sommes en train de harnacher ma rivière — et le courant est fort !
Jorane et ses musiciens se produiront à la Cinquième Salle de la Place des Arts, le 28 février et le 1er mars 2019.
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