La magie en 2025 : entre illusion et nouvelles technologies

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Alors que la Place des Arts présentera le nouveau spectacle de Luc Langevin en juillet et août, on s’est demandé où en était le monde de la magie en 2025 avec l’essor de l’intelligence artificielle (IA). En plus d’accueillir plus de diversité, les magiciens et magiciennes ont plus d’un tour dans leur sac pour faire perdurer l’émerveillement. 

« Si maintenir le secret était la seule chose qui faisait que la magie fonctionne, notre art se serait éteint il y a des années. Mais c’est tout le contraire qui se produit », souligne d’emblée Stéphane Bourgoin, magicien et illusionniste. 

L’émergence de l’IA ne lui fait pas peur. Celui qui crée des numéros pour bon nombre de personnalités connues, dont Luc Langevin, estime que les réactions devant ces technologies sont les mêmes que lorsque l’usage d’Internet s’est démocratisé. « Oui, on peut tout trouver sur le Web quand on cherche. Mais ce n’est pas parce qu’on sait comment un truc fonctionne qu’on est capable de le reproduire ou de le comprendre dans ses moindres rouages. » 

Stéphane Bourgoin cite en exemple le célèbre exploit de David Copperfield réalisé en 1983, où il a fait disparaître la statue de la Liberté en direct et à la télévision. « Sur Internet, on trouve une vingtaine d’explications pour chaque numéro, mais une seule est la bonne. »

À ce jour, l’IA ne change pas non plus la manière de concevoir des tours. « Peut-être que, dans cinq ans, je penserai différemment. Mais pour l’instant, c’est simplement un outil pour donner des inspirations et une idée de ce à quoi le tour pourrait ressembler en générant des images pour l’illustrer. »

Une magie plus inclusive et de proximité

Les femmes prennent une place grandissante en matière de magie. On peut penser à la Chinoise Juliana Chen, à la Britannique Katherine Mills ou à la Française Caroline Marx. Mais elles restent tout de même peu nombreuses au Québec, constate Stéphane Bourgoin. « Quand il n’y a pas de femmes comme modèle, c’est difficile pour une jeune fille de se projeter. »

Alors que les femmes étaient auparavant reléguées au rôle d’assistantes, plusieurs sont maintenant passées au premier plan. De l’avis de Stéphane Bourgoin, les magiciennes ont davantage de cohésion dans leur spectacle. « Souvent, pour les femmes, il y a toujours un thème, une unité. Tout matche et se tient ensemble. » Celles qui réussissent à tirer leur épingle du jeu « sont vraiment exceptionnelles. Les femmes sont meilleures que la majorité des hommes qu’on voit. S’il y avait plus de magiciennes connues, il y aurait probablement encore plus de filles qui considéreraient cette option. »

Les artistes en herbe se désintéressent de plus en plus de l’illusion pour se concentrer sur la micromagie, qui prend forme à proximité du public, généralement en utilisant des objets du quotidien tels que des cartes, des pièces de monnaie ou des cordes. « C’est plus simple et ça coûte moins cher. On peut facilement démarrer une chaîne YouTube en effectuant des tours, plutôt que de dépenser des milliers de dollars pour des numéros d’illusion. C’est la nouvelle tendance. »

Chose sûre, la magie n’a pas fini d’émerveiller petits et grands. « Quand je fais disparaître quelque chose instantanément dans ma main, il y a tout de suite une réaction. C’est, selon moi, le moyen le plus court de créer cette émotion primaire chez l’être humain. Et ça, ça ne mourra jamais. »

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Auteur : Leïla Jolin-Dahel Date : 10 juillet 2025

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