Sur le chemin des incendies Paul Piché : encore brûlant d’actualité

La nostalgie a la cote de nos jours, comme en témoignent les nombreux albums et tournées anniversaires récents. Ce n’est pourtant pas par effet de mode que Paul Piché a décidé – pour son 35^e anniversaire – de revisiter Sur le chemin des incendies; c’est plutôt grâce au succès inattendu d’une première mouture virtuelle durant la pandémie, suivie d’une tournée fort bien accueillie par le public.

Décortiquons l’un des albums québécois les plus vendus, chanson par chanson, avec le célèbre auteur-compositeur-interprète qui terminera sa tournée à la Salle Wilfrid-Pelletier, le 2 novembre prochain.

Que représente l’album Sur le chemin des incendies dans votre carrière?

Paul Piché : C’est un tournant important, tant dans ma façon d’écrire les chansons que dans notre manière de les travailler en groupe. Cet album, c’est vraiment le fruit d’une création collective avec les musiciens de l’époque, qui sont d’ailleurs tous de retour pour cette tournée : Rick Haworth aux guitares, Mario Légaré à la basse et Pierre Hébert à la batterie. C’est aussi la première fois que j’ai réalisé un album moi-même. 

C’était mon cinquième disque, et c’est à ce moment-là que j’ai commencé à me prendre plus au sérieux comme artiste. Avant de faire mon premier album, j’étais archéologue et je croyais que j’y retournerais un jour. C’était peut-être une façon de ne pas me prendre trop au sérieux et de me dire que si ça ne marche pas, ce n’était pas grave. Mais là, après 10 ans d’expérience en studio, qui a été en quelque sorte mon « université de la musique », je savais plus ce que je voulais et j’avais une vision plus claire d’où je m’en allais. 

J’appelle : c’est une chanson sur l’environnement. C’était plutôt innovateur pour l’époque? 

P. P. : C’est vrai qu’à l’époque, c’était un sujet un peu moins important. Le propos de cette chanson, c’est la nature qui essaie de nous parler, de nous avertir. Aujourd’hui, on peut dire qu’elle nous crie après – il faudrait bien l’écouter! Ça cadre malheureusement encore bien dans l’actualité d’aujourd’hui.

Le château de sable, dans laquelle vous parlez du fait français au Québec, ça aussi, ça cadre bien dans l’actualité!

P. P. : Exactement! Quand je la chante, c’est comme si je parlais d’aujourd’hui. C’est une chanson sur la richesse et la pérennité des langues, pas seulement le français, c’est pour ça qu’il y a un bout en espagnol... Chaque langue est un univers en soi.

Protéger le français en Amérique, par exemple, il y a juste nous qui pouvons le faire. C’est un cadeau que l’on fait à l’humanité, sans être prétentieux. C’est une façon d’apporter quelque chose de nuancé et d’unique qui décrit bien chaque culture du monde. 

Ça ne nous empêche pas d’être solidaires! J’ai toujours voulu faire du Québec un pays, mais je suis solidaire au reste du Canada dans ce contexte de guerre économique. Pour la montée du nationalisme que l’on constate dans les médias ces jours-ci, moi, ça fait un bout que j’en entends parler, puisqu’on m’a approché pour que j’ajoute ma voix – ce n’est pas un groupe de marginaux, c’est un mouvement de fond qui se dessine en lien avec les préoccupations d’aujourd’hui.

Je lègue à la mer : que souhaitez-vous aux prochaines générations d’artistes? 

P. P. : Être soi-même. C’est ça, le plus important. Ce dont on a besoin, ce n’est pas de copies de ce qui s’est déjà fait, mais de la vérité des artistes. Chacun doit apporter sa couleur, sa vision du monde.

Sur ma peau : ressentez-vous toujours l’envie d’écrire de nouvelles chansons?

P. P. : Oui, j’en écris de nouvelles chansons! D’ailleurs, j’en présente une nouvelle dans le spectacle Sur le chemin des incendies. On parle de création dans le spectacle, alors c’était l’occasion de présenter une chanson – qui évolue depuis longtemps et qui n’est pas encore enregistrée, et ça nous donne envie de nous projeter vers un prochain spectacle, peut-être… – à travers toutes les chansons de l’album original. 

À quoi s’attendre pour le spectacle du 2 novembre?

C’est un spectacle qu’on a adoré faire en tournée et que le public a aussi aimé. Il y a beaucoup d’humour, beaucoup d’autodérision; c’est un drôle de mélange entre musique, souvenirs et réflexions! De plus, pour la dernière à la Place des Arts, il y aura trois invités : Sara Dufour, Vincent Vallières et Claude Meunier. Je voulais ainsi créer un lien entre les générations, comme ce qui se passe dans le public qui vient voir le spectacle.