Burn from Absence d’Emeline Courcier est une méditation sur la mémoire, le silence et la fragilité des liens qui lient les générations. S’inspirant de l’expérience de sa famille vietnamienne marquée par le déplacement et par une philosophie de l’oubli comme stratégie de résilience, Courcier utilise l’intelligence artificielle (IA) à la fois comme outil et comme métaphore.
L’œuvre prend la forme d’une installation vidéo à quatre canaux, où des images générées par l’IA reconstituent des fragments de souvenirs perdus, niés ou volontairement effacés, comme l’enfance au Vietnam, l’impact des guerres d’Indochine, les dynamiques familiales et la fuite vers Paris.
Plutôt que de présenter l’IA comme un substitut aux archives, l’artiste met en lumière son instabilité, sa manière de brouiller les frontières entre le réel et l’imaginaire, entre vérité et invention. Les visages et les souvenirs créés par la machine portent la marque du faux, rappelant que chaque acte de mémoire est aussi un acte d’interprétation. Dans cette tension, Burn from Absence interroge ce que signifie hériter du silence, témoigner de l’effacement et inventer de nouveaux espaces où la mémoire est mise de l’avant.
À la fois intime et universelle, l’œuvre révèle l’empreinte durable des traumatismes tout en affirmant la nécessité de leur mise en récit. En affrontant l’oubli, Courcier suggère que la mémoire n’est pas seulement ce que l’on conserve, mais aussi ce que l’on choisit de reconstruire. Burn from Absence nous invite à envisager la technologie comme un instrument de guérison, capable de faire émerger ce qui a été tu et de rouvrir le dialogue entre passé et présent.
L'œuvre a reçu la mention spéciale Digital Storytelling au Festival international du film documentaire d’Amsterdam en 2024.