André Gagnon : hommage au visionnaire derrière « Neiges »

En fusionnant différents styles et en bousculant les codes de la musique classique, le pianiste et compositeur André Gagnon a ouvert la voie à de nombreux artistes instrumentaux de la relève. À l’occasion du spectacle Neiges : L’OM célèbre André Gagnon, la cheffe d’orchestre Léa Moisan-Perrier, et les pianistes Julie Lamontagne et Rousso, racontent comment ce monument a redonné ses lettres de noblesse à la musique instrumentale québécoise.

« Il était temps qu’on fasse un tel hommage. C’est génial de créer un moment où sa musique va reprendre vie », anticipe Julie Lamontagne, pianiste soliste invitée pour le concert. Précurseur, visionnaire… c’est ainsi qu’elle résume ce que représente André Gagnon aux yeux de nombreux mélomanes. Celle qui se réjouit d’avoir eu la chance de le rencontrer de son vivant se souvient de lui comme d’un « homme de cœur. »

« Dans sa musique, il n’y a pas de frontières », renchérit Léa Moisan-Perrier, qui dirigera l’Orchestre métropolitain pour ce spectacle. « Son art est poussé par un amour pour tous les types de musiques, qui sont rassemblés sur le disque Neiges, poursuit-elle. Ça va dans toutes les directions! » Notamment, on y retrouve un hommage à Beethoven dans Dédéthoven, des rythmes latino-américains dans Ta samba et un hommage au « violoneux » Jean Carignan dans Petit concerto pour Carignan et orchestre.

Rousso, qui se partagera les solos avec Julie Lamontagne en tant que pianiste invité, se reconnaît beaucoup dans le style de compositions d’André Gagnon. « Je suis un peu comme lui : j’ai étudié le classique, mais je fais du jazz, de la pop, de l’électro. » En 2023, il a remporté le prix André-Gagnon, remis par la Fondation SPACQ (Société professionnelle des auteurs et des compositeurs du Québec). Aujourd’hui, il a pour mandat de faire résonner à nouveau les pièces du mélodiste. « C’est comme si tous les chemins me menaient à Rome… » illustre-t-il.

Une influence qui marque des générations 

André Gagnon a été l’un des premiers artistes québécois à tisser des ponts entre la musique classique et la musique populaire. « Il a donné ses lettres de noblesse à la musique instrumentale », souligne Léa Moisan-Perrier, qui estime que le compositeur a laissé son empreinte auprès d’artistes contemporains comme Jean-Michel Blais et Alexandra Stréliski.

C’est aussi ce que constate Julie Lamontagne. « Il a marqué plein de musiciens qui créent du néoclassique aujourd’hui. » La pianiste jazz se compte parmi le lot. « Quand j’ai élaboré ma pièce Doux Carrousel, poursuit-elle, je me souviens m’être dit "mon Dieu, j’y entends les influences d’André Gagnon!" ».

Grand mélodiste, André Gagnon continue de toucher les Québécois. « Des gens fredonnent certains de ses airs et ignorent même que ça vient de lui! dit Julie Lamontagne. On les chante encore aujourd’hui. » Cette dernière rappelle qu’à sa parution, Neiges s’était hissé durant 24 semaines dans les 10 premières positions du Billboard américain, et que ses mélodies ont été écoutées et réécoutées dans de nombreux foyers québécois. « Il avait vendu 700 000 exemplaires… c’est énorme! ».

Enfant, Rousso écoutait souvent l’album, qui comptait parmi les disques fétiches de son père. « Il tripait sur la chanson Wow. Et pourtant, il n’y a presque pas de piano dedans! Je pense qu’André Gagnon a été le précurseur du piano pop, du piano fun, du pianiste qui peut devenir lui-même un artiste principal. »

Un moment rassembleur 

Pour Julie Lamontagne, ces concerts constitueront un moment musical « plus grand que nature ». « Ce sera riche, marqué par l’apaisement, avec certains instants où la musique s’envole dans la virtuosité. [L’hiver], c’est la période de l’année idéale pour plonger dans l’œuvre d’André Gagnon. » Julie Lamontagne précise que les arrangements pour orchestre ont été faits par l’auteur-compositeur-interprète François Vallières, à partir des partitions du compositeur. « On ne dénature rien, mais il est certain que je vais amener ma petite touche personnelle dans la manière d’exécuter les morceaux. »

Un concert « grandiose, épique », et festif, promet de son côté Rousso. « Les pièces de l’album vont être jouées dans l’ordre, et ce sera comme un party! »

Au-delà d’une simple reprise de Neiges, ce concert se veut une véritable fête commémorant le legs musical d’André Gagnon, décrit Léa Moisan-Perrier. Le chœur métropolitain viendra également se joindre à l’OM, pour plonger le public dans l’ambiance des Fêtes. « C’est l’occasion de souligner la fin de l’année, de se rassembler autour d’une œuvre culte et de célébrer notre culture. »

Neiges : L’OM célèbre André Gagnon sera présenté les 13 et 14 décembre à la Maison symphonique de Montréal.