Jacques Michel en 12 chansons

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Jacques Michel est né en 1941 dans une cabane de trappeur en Abitibi. Sa mère était cuisinière d’un camp de bûcherons. Il fait son entrée dans le show-business à 16 ans en chantant en français avec le groupe Les Colibris. C’est en 1963 que Muriel Millard l’invite à son spectacle à la Comédie-Canadienne. Comme le veut le dicton : le reste appartient à l’histoire.

Fort de ses 200 compositions, dont 30 ont culminé aux palmarès francophones, Jacques Michel se confie en 12 chansons. Des histoires à lire accompagnées d’une liste de lecture à écouter!

Sur un dinosaure (1967)

Je ne suis pas yéyé, mais j’ai remporté un prix dans ce style au Festival du disque canadien (c’était avant les Félix). Je me faisais taquiner parce que j’écrivais pour les autres : mon grand succès, Monsieur Le Robot, était chanté par le groupe Les Lutins. Sur un dinosaure m’a mis au monde, avec une mélodie accrocheuse, des textes accessibles. J’apprenais mon métier tout seul, sur le tas.

Amène-toi chez nous (1970)

Roger Gravel a fait les orchestrations de cette chanson qui m’a consacré, avec le premier prix du Festival de Spa, en Belgique. Puis, j’ai eu la deuxième place à Tokyo, avec Un nouveau jour va se lever, parmi 40 pays. Guy Latraverse m’a proposé de faire la Place des Arts. J’ai refusé, par manque de matériel, mais accepté à la fin de 1971, après la sortie de l’album S.O.S.

Un nouveau jour va se lever (1970)

Vous me demandez si les paroles étaient naïves? Absolument pas! Je chantais mon époque. C’était la Révolution tranquille au Québec, le Printemps de Prague et Mai 68, à Paris, l’Algérie se battait pour son indépendance, les Noirs américains luttaient pour leurs droits civiques, la guerre du Vietnam faisait rage. Une génération voulait changer le monde. Nos chansons viennent de ce qui se passe autour de nous, et j’avais un sentiment d’urgence.

S.O.S On va couler (1971)

C’est une chanson sur l’écologie. J’étais en avance sur mon temps. Encore ce sentiment d’urgence.

J’débarque (1971)

Je l’ai coécrite avec Raymond Paquin. J’ai toujours remis en question l’ordre établi depuis mon enfance. Je suis de gauche, mais je critiquais tant les États-Unis que l’Union soviétique.

Soleil aime nous (1971)

C’est une chanson indépendantiste à inspiration biblique : nous avons passé la mer Rouge au dixième mois de l’année (une allusion à octobre 1970), il ne nous reste plus qu’à traverser le Jourdain.

Pas besoin de frapper pour entrer (1972)

C’est une chanson inclusive, inspirée par l’époque des communes. Je rénovais ma maison de North Hatley, et la porte avait été enlevée. Je me suis dit que je n’avais plus besoin de frapper pour entrer : j’avais mon titre! Le reste est venu en improvisant. On peut étendre l’image à un pays tout entier, en devenant souverain pour ouvrir des portes. Et j’ai toujours apprécié être indépendant : j’éditais mes chansons, produisais mes albums, louais mes salles, achetais ma pub. Je suivais l’exemple de mon père, qui m’a sommé de chérir mon indépendance. L’indépendantisme ne signifie pas être contre quelqu’un, mais de prendre nos choses en main sans attendre l’opportunité.

Voyez-vous le temps qu’il fait? (1977)

C’est une autre chanson sur la liberté.

Vodka cola (1980)

Cette chanson est plus pertinente aujourd’hui que quand je l’ai écrite. Le monde a changé, et je me demande s’il est pire que pendant la Guerre froide, où les valeurs étaient les mêmes à Moscou qu’à New York, mais bafouées différemment. Avec Poutine, qui veut revenir à l’URSS en envahissant l’Ukraine, et l’expansionnisme de Trump, a-t-on vraiment changé?

Salut Léon (1980)

Cette chanson, que j’ai mise en musique, fut écrite par mon ex-femme, Eve Déziel. Elle illustre les attentes différentes des femmes et des hommes, et que le féminisme est une bonne chose. Je suis contre la guerre des sexes : les gars, arrêtons de gueuler contre les femmes qui se sont prises en main, suivons leur exemple et réalisons nos propres projets.

Soleil Soleil (1982)

Une autre chanson d’Eve Déziel, qui explique simplement qu’il faut parfois changer d’air et remettre les pendules à l’heure. Le soleil, c’est la lumière, la source de vie.

Happy Song (1984)

L’époque n’était pas jojo avec le référendum perdu, la récession et la chanson québécoise qui avait pris une maudite débarque. Je voulais exprimer du positif. C’est en faisant la promotion de cette chanson que j’en suis venu à faire de la télé, avec Le Village de Nathalie et On n’a pas tout vu. J’ai fini par quitter la scène à cette époque. Et me revoilà en tournée, avec ma guitare et mon harmonica!

Jacques Michel présentera son spectacle Seul à seuls à la Salle Claude-Léveillée, du 27 au 29 mars 2025.

Auteur : Stéphane Desjardins Date : 5 mars 2025

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