Sans titre (1963) - Julien Hébert

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Crédit photo : Caroline Bergeron

 

Exposé dans les musées, le design est enfin considéré de nos jours comme une forme d’art à part entière. Au Québec, on doit à Julien Hébert d’avoir grandement participé à sa valorisation. Considéré comme le père du design québécois, il a inspiré toute une génération de designers à travers l’École du design industriel de l’Université de Montréal où il enseignait et dont il fut un des fondateurs. Son approche formelle épurée que l’on peut apprécier dans plusieurs logos (Expo 67, Cégep du Vieux Montréal...) fut aussi marquante. Il fut le premier designer à recevoir le Prix Paul-Émile-Borduas en 1979.

 

Bénéficiant d’une formation en sculpture – en particulier auprès du célèbre artiste cubiste Ossip Zadkine – Hébert avait aussi une licence en philosophie, ce qui teintera son approche esthétique. Humaniste dans l’âme, Hébert cherchait avant tout l’engagement social à travers l’art et avait à cœur l’émancipation, sociale et économique de la société québécoise. Par exemple, il prenait soin d’utiliser des ressources provenant du Québec, telles que l’aluminium et le bois. Il ne souhaitait pas vendre des œuvres uniques à de riches collectionneurs, mais voulait réaliser des objets en série ainsi que des œuvres intégrées à l’architecture, dont tous pouvaient profiter.

 

Il préférait d’ailleurs le terme d’« architecture de l’objet » à celui de design.

 

Son œuvre installée dans le hall de la Salle Wilfrid-Pelletier fut réalisée par coulage de 36 pièces d’aluminium – matériau alors très peu utilisé en sculpture – dans un moule de sable, ce qui lui donne une texture organique et naturelle. Pour Hébert, il n’y avait pas de différence entre une sculpture et un objet utilitaire, comme une chaise, une table ou un téléphone. Il préférait d’ailleurs le terme d’« architecture de l’objet » à celui de design. Cette œuvre incarne bien cette approche nouvelle. Sa structure répétitive de formes géométriques simples évoquera autant des totems amérindiens, la Colonne sans fin (1918) de Brancusi que le motif du plafond acoustique de la salle Wilfrid-Pelletier, qu’il disait être une des plus belles œuvres d’art dans ce lieu…

 

Sans titre (1963)
Julien Hébert (1917-1994)

Date : 20 janvier 2018

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