Une scierie en grève qui sent la sueur et le stupre. En marge des piquetages, les regards affamés convergent vers Querelle, cet ouvrier trop beau, trop libre, et peut-être trop dangereux, qui trouble le désir masculin et la virilité ambiante.
Les bouteilles volent et la rage éclate à coups de batte sous le regard combatif de Jézabel, témoin du drame. Faut-il recourir à la violence pour se faire entendre quand on appartient à une minorité en lutte — queer, autochtone ou ouvrière?
Le metteur en scène Olivier Arteau adapte le roman de Kev Lambert, à l’écriture aussi crue que raffinée, pour offrir un spectacle de chair et de colère qui déjoue l’hétéronormativité et le néolibéralisme. Entre fantasme et réalité, entre fracas d’usine et orgue vibrant à bord d’un 18-roues, la pièce se déploie en visions et images projetées où le spectateur se fait voyeur. Querelle n’est plus un homme, mais une énigme offerte à nos obsessions.