Les Ballets africains : une longue histoire d’amour avec Montréal
Après plusieurs années d’absence, Les Ballets Africains font leur grand retour à Montréal. La troupe fondée en 1952 revient avec un spectacle présenté dans le cadre de la série Arts et monde de la Place des Arts, en collaboration avec Nuits d’Afrique qui célèbre son 40e anniversaire cette année.
Un lien durable entre l’Afrique et Montréal
En instaurant les Ballets africains à Paris en 1952, son fondateur, Keïta Fodéba, rêvait de donner une voix au continent africain à travers la danse. « En France, il a regroupé tous les Africains de la diaspora, que ce soit des Camerounais, des Sénégalais, des Ivoiriens, et même des jeunes de la Guadeloupe », raconte Mamoudou Condé. Six ans plus tard, la troupe est devenue l’ensemble national de la Guinée, qui venait d’obtenir son indépendance.
Un pari réussi puisque ces quelque 35 artistes ont depuis performé sur les scènes de tous les continents, incluant celles de 165 capitales. Mais la troupe a aussi fait partie intégrante de l’histoire de Montréal, faisant vibrer la métropole aux rythmes des percussions africaines au fil des ans.
Néanmoins, ses acrobaties, ses danses et sa fougue ont déjà semé la controverse, à une époque où la société montréalaise était plus puritaine. Après une tournée passant par Calgary, Winnipeg, Toronto, Ottawa, Kitchener, Québec et Sherbrooke, la représentation prévue à Montréal a failli être annulée en 1967. La police voulait interdire le spectacle, arguant que les seins nus des danseuses constituaient une « atteinte à la moralité ».

Or, la poitrine découverte des interprètes n’est aucunement connotée sexuellement dans les Ballets africains. « On exposait la tradition africaine. Et pour nous, des seins nus faisaient partie des choses qu’on voit tous les jours. »
Une controverse qui a miné la relation entre Montréal et la troupe de danse, à l’époque. « Mais je pense que, depuis, Montréal a reconnu que c’était une erreur. Et, des erreurs, on en fait tous. En 2004, on est revenus et plusieurs membres des gouvernements canadien et québécois étaient même présents dans la salle. Pour nous, la page est aujourd’hui tournée. »
Célébrer en tissant des ponts
Depuis sa création, la troupe des Ballets africains est reconnue en tant que porte-voix des peuples de ce continent, en diffusant son héritage culturel et artistique au-delà des frontières. Mamoudou Condé retrouve d’ailleurs un peu d’Afrique chaque fois qu’il vient à Montréal. « C’est une ville très importante pour nous, puisque Montréal a embrassé l’Afrique. Quand je suis ici, je me sens comme en Afrique, parce que l’hospitalité y est extraordinaire. »
C’est dans cet esprit que le spectacle lançant les célébrations du 40e anniversaire de Nuits d’Afrique, propose une mouture 2.0 de la troupe guinéenne. « On fusionne les genres, avec la danse contemporaine, la musique… C’est un mélange qui incarne bien le monde d’aujourd’hui », explique Mamoudou Condé.
Lamine Touré, le fondateur de Nuits d’Afrique, a d’ailleurs été danseur puis chorégraphe au sein des Ballets africains. Avec la création du Festival, il avait pour ambition de mettre en lumière les artistes émergents et de faire découvrir le continent aux quatre coins de la planète. « Il a voulu instaurer quelque chose de rassembleur, à l’image des Ballets africains, continue M. Condé. C’est comme s’il avait branché la troupe à Montréal avec un câble pour créer ce qui est devenu aujourd’hui le plus grand festival africain en Amérique du Nord. Grâce à cet événement, le public peut chaque année faire des voyages extraordinaires sans passeport ni visa. »
En plus de tisser des ponts entre les nations, le retour de la troupe dans la métropole permet de rassembler différentes générations. Durant la pandémie, la compagnie de danse a par ailleurs profité de la pause de ses activités pour se réinventer et s’offrir une cure de jouvence. « En amenant la jeunesse, on connecte la modernité et la tradition, l’ancienne génération et la nouvelle. »
S’il pourra admirer les costumes traditionnels et de battre du pied au son d’instruments guinéens, le public peut aussi s’attendre à retrouver la danse, la musique et l’art du récit. Et ce, dans un mélange teinté d’acrobaties, au rythme des percussions africaines. Un ensemble destiné à énergiser et rassembler l’auditoire autour d’un message d’espoir.
« Les gens peuvent s’attendre à quelque chose d’extraordinaire. Nous sommes déjà prêts à donner le spectacle le plus puissant de notre tournée aux Montréalaises et Montréalais. Et nous sommes sûrs qu’ils seront au rendez-vous pour ce grand retour. »
Le spectacle est présenté par la Place des Arts en collaboration avec Nuits d’Afrique, dans le cadre de la série Arts et monde, le 26 février 2026 au Théâtre Maisonneuve.
Événement à venir
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Danse africaine
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22 février 20261 représentationThéâtre MaisonneuveUn inimitable amalgame de danse, de musique et d’art du récit avec des démonstrations spectaculaires d’acrobaties, l’intensité multiforme des polyrythmies traditionnelles et la force des percussions africaines. La troupe Les Ballets Africains émerveille le public, tout en partageant sa culture et son message d’unité à travers chaque spectacle dans le monde.
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