Une rentrée qui bouge : l’effervescence culturelle à la Place des Arts

Il flotte toujours un parfum d’excitation sur la rentrée culturelle montréalaise, mais en ce début septembre à la Place des Arts, c’est carrément l’effervescence. Au menu :  la combinaison des talents de Mahler, DiDonato et Nézet-Séguin, des danseurs défiant la gravité et des couples en voiture sur la route de Québec-Montréal. De quoi remplir son agenda bien avant les premiers frissons de l’hiver!

La danse en majesté

Le Festival Quartiers Danses lance le bal, fidèle à sa mission : décloisonner la danse contemporaine, la sortir des théâtres pour l’installer dans les lieux de vie. Un festival qui sème la poésie en mouvement dans les interstices de la ville ainsi que dans la Cinquième Salle et le Studio-Théâtre des Grands Ballets. Cette année, les voix autochtones seront amplifiées et Montréal dialogue avec Copenhague et la Pologne. 

Puis vient TEMPÉO, Festival Danse et Musique, avec le groupe montréalais The Brooks en ouverture qui embrasera l’Esplanade de la Place des Arts. Tout au long du Festival, attendez-vous à des soirées festives avec une bonne dose de funk, d’orient-pop, de country, d’afro-pop et de salsa.

Pour les amateurs de grand raffinement, un sommet : Bella Figura de Jiří Kylián, œuvre-phare du répertoire contemporain, reprise par Les Grands Ballets du 11 au 20 septembre au Théâtre Maisonneuve. Présentée en finale d’un programme quadruple incluant aussi des œuvres de Glen Tetley, Hélène Blackburn et Jérémy Galdeano, l’œuvre se campe en équilibre fragile entre la sensualité et la rigueur, portée par des interprètes qui sculptent l’air avec une intensité presque hypnotique. Bref, la danse ne se contente pas de faire partie de la saison : elle en est la colonne vertébrale.

Classiques revisités et frissons symphoniques

Mais la rentrée à la Place des Arts ne serait pas complète sans la grande tradition classique, qui se décline avec panache. Les spectateurs avides de lyrisme commenceront par La damnation de Faust de Berlioz, présentée avec l’Orchestre symphonique de Montréal sous la direction de Rafael Payare les 17 et 18 septembre 2025 à la Maison symphonique. Ce n’est ni tout à fait un opéra, ni tout à fait un oratorio, mais un voyage musical en enfer et au paradis. 

Autre rendez-vous incontournable : Mahler, Joyce et Yannick, concert où le chef Yannick Nézet-Séguin entraîne l’Orchestre Métropolitain dans les vertiges du répertoire mahlérien. Mahler, ce géant des contrastes, trouve en Nézet-Séguin un chef passionné et généreux, qui saura assurément conjuguer l’intime et le monumental qui se toisent dans son œuvre. Ajoutez à cela la voix exceptionnelle de la mezzo-soprano Joyce DiDonato ! Le 23 septembre à la Maison Symphonique.

Et bien sûr, comment passer à côté de Mozart et de son éternel Don Giovanni ? Ce séducteur impénitent, pris au piège de ses propres excès, continue de fasciner trois siècles plus tard. Les amateurs d’opéra ne manqueront pas ce rendez-vous, qui conjugue grandeur classique et fraîcheur intemporelle. Du 27 septembre au 5 octobre à la salle Wilfrid-Pelletier.

Théâtre en liberté

Si la danse occupe l’avant-scène, le théâtre n’est pas en reste.

Avec Rue Duplessis / Ma petite noirceur, le sociologue et animateur radio Jean-Philippe Pleau adapte au théâtre son essai à succès sur son histoire de transfuge de classe. Dans la lignée d’Édouard Louis et Didier Eribon, il interroge l’ascenseur social québécois à partir de sa propre trajectoire. Sans expérience d’acteur, il se lance lui-même sur scène : un pari vertigineux pour lui, et fascinant pour le public. Le spectacle se jouera au Théâtre Jean-Duceppe du 3 septembre au 4 octobre 2025.

Plus inattendue, la pièce La faune locale propose un regard décalé sur l’aliénation au travail, peuplé de personnages étranges mais familiers, révélés avec humour et tendresse. Un théâtre qui nous tend un miroir, parfois cruel, parfois amusé. Au Théâtre Jean-Duceppe, du 9 au 26 septembre 2025.

Et puis, impossible d’ignorer l’adaptation théâtrale du film culte Québec-Montréal, de Ricardo Trogi. Revoir ce classique québécois au sujet du couple et du sexe, c’est un peu comme reprendre la route avec de vieux amis : on redécouvre les dialogues, les silences, les petites vérités qui n’ont rien perdu de leur mordant. Aucune célèbre réplique n’a été omise dans cette nouvelle version scénique, promis !

Parfait pour la rentrée, Catherine Dorion propose son cours de Sciences Po 101. Enfin, les plus jeunes spectateurs s’arrêteront aux Mini-manifestes, de la série Sons et brioches, là où l’on proteste et où l’on invente.

Et ce n’est pas tout…

Comme si tout cela ne suffisait pas, la Place des Arts accueille la cérémonie des Prix Gémeaux qui célébre l’excellence de la télévision d’ici, depuis 40 ans! Gageons que cet anniversaire sera souligné en grandes pompes, on déroule le tapis rouge pour une soirée de glamour médiatique. Les nostalgiques du chant collectif auront leur dose d’énergie avec Choir ! Choir ! Choir !, happening vocal participatif qui transforme le public en chœur d’un soir avec cette fois-ci pour thématique les chansons de Queen! Et pour les mélomanes avides d’exotisme, l’Orchestre national de jazz dirigé par le Jovino Santos Neto rendra hommage à l’inclassable Brésilien Hermeto Pascoal et à ses sonorités éclatées et festives, preuve qu’à la Place des Arts, la musique n’a pas de frontières. Le 18 septembre à la Cinquième Salle. Elle aussi dans une catégorie à part, Sarah Millican s’ouvre sur un pan de sa vie qui vous surprendra dans son troisième spectacle Late Bloomer.

Aux spectateurs de jouer : qu’ils choisissent la rigueur classique, la fougue théâtrale ou la vitalité de la danse, une chose est sûre, ils auront de quoi se laisser emporter. La programmation complète promet encore bien des découvertes.