Qui aurait cru qu’un petit gars de la rue Duplessis à Drummondville, qui a grandi dans la pauvreté, la peur et les préjugés, deviendrait un sociologue estimé et un animateur réputé à Radio-Canada?
Jean-Philippe Pleau vient d’une famille bienveillante dans laquelle l’ambition intellectuelle suscitait la méfiance : « L’école, c’est pour ceux qui pètent plus haut que leur trou » y disait-on. Nourri au « macarouni » gratiné au fromage Singles de Kraft, celui qu’on connaît surtout pour ses réflexions savoureuses à C’est fou… (avec Serge Bouchard) et à Réfléchir à voix haute est aujourd’hui étranger au monde d’où il vient, sans vraiment appartenir à celui dans lequel il a abouti. Rue Duplessis, c’est son histoire, celle de sa « migration intérieure » de transfuge de classe; mais c’est aussi un regard critique sur les inégalités socioéconomiques qui dictent encore trop souvent le destin et les aspirations de celles et ceux qui sont « né·es pour un p’tit pain ». Un parcours drôle et émouvant, empreint de courage, de nostalgie… et de sociologie.
Jean-Philippe Pleau, qui s’est faufilé entre les mailles d’un système qui ne le prédisposait pas à devenir auteur, dit qu’il écrit pour « venger les siens ». Après l'énorme succès de son roman autobiographique Rue Duplessis, ma petite noirceur, il s’apprête maintenant à franchir une autre étape : monter sur scène pour défendre son récit si personnel devant des centaines de spectateur·ices, soir après soir. Notre codirecteur artistique David Laurin, qui en signe l’adaptation, et la metteuse en scène Marie-Ève Milot (Mama, Docteure) en proposent une version théâtrale riche et surprenante au fil de laquelle l’auteur nous racontera sa propre révolution tranquille. Au-delà de l’intime, ce spectacle trouvera assurément une résonance toute particulière chez de nombreux·ses Québécois·es qui, comme Jean-Philippe, naviguent entre deux mondes; ils et elles y reconnaîtront leur propre vécu, leur fierté et leurs contradictions.